Apnée – les clefs du progrès hors entrainement
Eric Jourdan, apnéiste passionné et membre de la Dune Academy vous propose une approche inédite de l’apnée. Envie de vous perfectionner mais vous ne pouvez pas rendre à l’eau 4 fois par semaine ? Il vous propose les clefs du progrès en apnée, hors entrainement !
SOMMAIRE :
- Les clefs du progrès en apnée, hors entrainement : le physique
- Les clefs du progrès en apnée, hors entrainement : le mental
- Les clefs du progrès en apnée, hors entrainement : la compréhension
- Les clefs du progrès en apnée, hors entrainement : confort et sécurité
- Les clefs du progrès en apnée, hors entrainement : le binôme
Les clefs du progrès en apnée, hors entrainement : le physique
La pratique reste indispensable, bien sûr, surtout parce qu’elle nous procure du plaisir … mais il y a énormément de préalable qui vont directement conditionner votre plaisir, votre bien être et donc votre envie de pratiquer régulièrement et accompagner votre progrès ! Ce sont des sujets transversaux à de nombreux sports, mais qui prennent encore plus d’intérêt dans l’apnée, parce que notre passion est une pratique qui nous ramène à notre essentiel, au fondement de la vie, la respiration, le souffle, l’écoute et la connaissance de soi.
La 1er piste de progrès proposée, qui représente la marge d’amélioration la plus importante dans votre pratique et qui en plus est « instantanée », c’est l’alimentation !
Qui fait attention à son alimentation dans les 48h qui précèdent un entrainement ? Et pourtant … En général, quand on s’entraine on se dit quand on est dans l’eau, ou après, « tiens aujourd’hui j’étais en forme, ou je n’étais pas en forme … », on le constate de façon subie, passive, comme si c’était le fruit d’un hasard de circonstances ! Et si on pouvait l’anticiper plutôt que de le subir ?
La seconde piste de progrès, c’est le sommeil !
Réguler son sommeil, répondre à ses besoins en nombre d’heure, horaire pour dormir, préparer son entrainement avec le repos nécessaire, la veille, ou même l’avant-veille ! Créer les conditions pour être bien dans l’eau, prendre du plaisir, ça fait toute la différence dans l’efficacité de l’entrainement et le désir d’y aller souvent …
La troisième piste de progrès, c’est l’hydratation !
Alors vous allez dire, que j’enfonce des portes ouvertes ! Qui a de l’eau avec lui et boit en s’entrainant ? 10% de déshydratation, c’est 30% de perf en moins ! Dans l’eau on se déshydrate … Vous savez pourquoi ? on parle du froid, mais c’est surtout l’apesanteur … répartition de nos volumes liquides dans le corps, avec capteurs thoraciques qui analysent que l’on a trop de liquides … Donc déshydratation accélérée, et fatigue, pendant et après ! Hydratez-vous, sans avoir soif … Séance de 8h dans l’eau en chasse, sans fatigue si on boit !
Les clefs du progrès en apnée, hors entrainement : le mental
Ces 3 premières clefs, ne sont pas de l’entrainement mais sont essentielles à la performance, et ce sont des pistes de progrès immédiates. On en perçoit les résultats dès que l’on est dans l’eau, dès la première apnée ! Plus vous créez les conditions du plaisir dans votre pratique, plus vous vous libérerez des contraintes, plus vous serez relâchés et vous serez performant, quelles que soient vos capacités. En plus, quand on se sent bien on est encore plus motivé pour y retourner et progresser encore … La mémoire du plaisir est un vrai moteur de la motivation …
Un autre sujet majeur de progrès, c’est « La compréhension ».
La compréhension de ce qui se passe, de ce qu’on fait, comprendre que c’est possible, qu’on en a les capacités… Ce sont aussi des choses essentielles au progrès ! La verbalisation, la représentation (croquis etc …) sont indispensables dans le processus de progrès. Pourquoi est-ce qu’on progresse plus avec un pédagogue qu’un performeur ? Bon c’est vrai que certains sont les deux, et c’est top … 😉 L’inconnu, comme l’effet de surprise ont des effets dévastateurs sur la perf en apnée notamment ! Etre en capacité de savoir ce qui nous attend, ce qu’on va rechercher comme sensation, de partager son ressenti, c’est aussi important que de l’expérimenté !
Alors OUI c’est bien de s’entrainer, oui c’est bien d’apprendre un geste technique et de l’affiné, de s’amuser avec un « autovent » et un ballon de bodruche … OUI c’est bien de travailler l’hypoxie, l’hypercapnie en faisant des séries, c’est très bien même ! Mais les adaptations du corps sont lentes, très progressives … Pour progresser, mieux, plus vite, quasi instantanément, penser à mettre en œuvre ce dont je viens de vous parler, ça peut être beaucoup plus rapide avec des marges de progrès bien plus importantes, pour aller vers ce qu’on cherche tous, je crois : SE FAIRE PLAISIR !
Les clefs du progrès en apnée, hors entrainement : confort et sécurité
Un autre axe de progrès essentiel tourne autour de la notion de confort
Confort, c’est le bon matos, celui qu’on connait, celui en qui on a confiance … on ne fait pas une perf sur un test de matos !
C’est aussi l’échauffement. L’échauffement c’est surtout mobiliser les muscles dont on va avoir besoin, autour de la cage thoracique essentiellement … c’est de l’assouplissement, bien plus que de l’afflux sanguin ! Un muscle gorgé de sang consomme plus ! Donc on reste sur des étirements à froid, pour mobiliser les muscles dans leur élasticité… Beaucoup de perf se font sans échauffement des muscles des jambes, y compris en constant, justement pour limiter l’afflux sanguin …
Le confort c’est le bon site aussi … J’irai pas jusqu’à dire les bonne conditions, mais je pourrais presque ! En tout cas, avoir les infos sur le site, le connaitre, pour éviter les effets de surprise, c’est du confort, on est rassuré ! On sera mieux dans l’eau, mieux dans sa perf !
Un autre axe de progrès essentiel tourne autour de la notion de sécurité
La sécurité réelle est en lien avec le risque. Votre guide, votre encadrant, est là pour la mettre en œuvre. Mais il faut surtout gérer ce que j’appellerais « le risque perçu », il n’est pas réel, donc pas forcément pris en compte, alors qu’il est un facteur déterminant de votre progression et de votre performance !
Les clefs du progrès en apnée, hors entrainement : le binôme
Améliorer la perf, c’est avoir confiance dans son partenaire, son binôme !
Vous ne ferez pas la même chose si vous avez confiance ou si vous « doutez » de celui qui est au dessus de vous. Pas forcément de même niveau, mais « fiable ». Comment créé-ton cette confiance : Je dis ce que je fais, je fais ce que je dis, pas de surprise … etc ! Risque oui, mais mesuré, annoncé etc … Facteur capital de la progression. Vous voyez qu’on est encore très loin des séries, de l’entrainement proprement dit, mais on est dans la relation à l’autre … L’apnée, sport d’équipe ! Rester centré : pas de perturbation extérieure, pas de tel au bord de la piscine, limiter les cris, les bateaux autour qui passent, même si pas loin, le bruit porte et on ne le situe pas son origine, influence la perf !
Les marges de progrès qui ne sont pas liées à des adaptations physiologiques du corps suite aux entrainements, ou à la technicité du palmage, de la compensation … et pourtant ce sont des sujets majeurs du progrès de la perf et je suis ravi d’avoir eu l’opportunité de vous le présenter.
Auteur, Eric Jourdan – présentation
Je m’appelle Eric, et si l’on considère qu’être dans l’eau et s’immerger sans bouteille, c’est faire de l’apnée, je peux dire que je pratique l’apnée depuis plus de 45 ans… C’était un jeu, un passe-temps, un moyen d’aller attraper des poissons aussi … Et puis la pratique est devenue plus régulière et c’est imposée à moi comme une véritable passion que je partageais en famille ! Je suis devenu moniteur d’apnée en 1994, c’était la première session ou la seconde de ce nouveau monitorat… J’étais dans la promo au côté de Claude Chapuis, Jean Michel Pradon, pour les plus connus… le début d’une histoire ! C’était la période de la rivalité de records entre Pipin et Umberto, fin des années 1980 début des années 1990… J’ai ainsi connu et participé à l’évolution de l’apnée, avec les premières compétitions, les premiers championnats du monde en 1996 et 1998, qui ont conduit cette pratique vers l’apnée moderne, plus cadrée et structurée que l’on connait aujourd’hui…
Quelle que soit la discipline, Un entraineur vous dira qu’il faut 4 entrainements par semaine pour progresser, qu’avec seulement trois entrainements on stagne, et qu’avec deux entrainements par semaine, on régresse ! Je peux vous dire qu’à part peut-être les 2 recordmans du monde de l’époque, personne ne s’entrainait quatre fois par semaine dans les années 1990 ! Il n’y avait pas de pro, peu de média, pas de réseaux sociaux … L’apnée était à la fois mondiale car il y avait des pratiquants sur tous les continents et un sport confidentiel, qui émergeait à peine. Début des années 1990, les performances en constant dépassaient à peine les 60m pour 2 ou 3 performeurs. C’est d’ailleurs pour ça que les marges de progrès ont été ensuite gigantesques dans les 20 ans qui ont suivi ! Les sportifs se sont fait accompagner, certains professionnalisés, la pratique c’est démocratisée, mais aussi et surtout, les connaissances et les techniques, notamment autour de la physiologie et de l’entrainement spécifiques ont énormément évoluées !
Pourtant, sans entrainement vraiment particulier, on évoluait régulièrement dans, 40m, 50m et plus sans comprendre exactement ce qui se passait en nous, sans explications des mécanismes, et sans jamais se mettre dans un bassin ou faire des séries ! C’était très « empirique », on découvrait d’ailleurs régulièrement nos limites en se faisant mal ou en prenant quelques baffes arrivés en surface! Alors je ne vous dirai pas que c’est comme ça qu’il faut faire, ou que l’entrainement ne sert à rien, bien sûr, mais juste qu’on parle beaucoup d’entrainement, d’entrainement spécifique, et pas du tout ou très peu de ce qui va autour, de tout le reste qui participe aussi au progrès en apnée ! Pour moi, c’est essentiel, ce sont même des pistes de progrès bien plus importantes et rapide que l’entrainement proprement dit car on en sent les effets immédiatement !
Crédit photos : R. Demaret – G. Piazzalo
- On 9 novembre 2020